Pas de taponnage dating

Publié le par Josette les bobettes

Plus que 15 minutes pour me préparer, en ce samedi soir. Pas grave, mes cheveux sont bien aplatis, mes vêtements déjà choisis, ma quatrième tentative pour appliquer du maudit eye-liner, déjà corrigée. Pshhhiitttt! Un peu de parfum, tiens, même si j’ai aucune attente à l’égard d’un éventuel nez dans le cou. Quinze minutes plus tard, avec ma camisole à picots et mon p’tit gilet noir, question d’avoir l’air un peu sobre (pardon à mes chères jeans dérinchées), je roule en direction du point de rendez-vous avec Caramilk (chummey rencontrée en camping cet été, vraiment rigolote), pour ne prendre qu’une auto et covoiturer. But ultime : grosse soirée speed dating dans un hôtel du centre-ville.

Eh shit, veux-tu bien me dire quelle genre de question je vais poser aux gars…

 

Bah, tu leur demandes ce qu’ils font dans la vie, s’ils ont des enfants, s’ils font du sport…

 

Et si je croise quelqu’un que je connais?

 

Oups, j’avais pas pensé à ça.

On se présente à la réception de l’hôtel, pour se renseigner sur la salle où se déroule la soirée. On a pas complété notre question, que la réceptionniste nous dirige déjà vers le sous-sol, un sourire en coin. En bas, dans un espèce de hall, une quinzaine de personnes patientent déjà. Des monsieurs en chemise-pantalon qui nous dévisagent, 3-4 garçons dans la vingtaine qui tètent leur bière, des madames avec les babines bien mauves. Le meat market est commencé. On va s’enregistrer : 20 $, même pas de rabais sur une consommation, même pas de table avec des bouchées pour s’empiffrer, un coupon pour des prix de présence cucul, c’est toutte. On donne nos noms pour le speed dating. Une activité qui va revenir à chaque heure, pas obligatoire, et par groupes d’âges. On réalise qu’on est vraiment là, les oreilles nous chauffent, on va se caller une petite Coors à 5.50 $ pour se donner de la contenance. Un vieux garçon, les yeux rouges et la tête enfoncée entre les épaules, prend son respir et vient nous aborder. Après des sourires et des « oui, c’est la première fois qu’on vient ici » polis, on se sauve aux toilettes. En sortant, un mec de 26 ans bien sympathique vient nous jaser ça. Les mêmes phrases plates qui reviendront toute la soirée, de style ASV (âge-sexe-ville). (Sauf pour le sexe, hein.) Les portes de la grande salle déguisée en discothèque ouvrent, et tout à coup la masse de people arrive. Étonnamment, quelques beaux mecs, même des jeunes, des pitounes, des gens de toutes les sortes, habillés de toutes sortes de façons (bordel, j’aurais dû mettre mes jeans). Le concept « pas-de-taponnage-dating » prend toute son ampleur : les mecs viennent nous jaser, on a des sourires. Caramilk se fait aborder par un chic type qui apparemment sent un peu la tope mais bon, très gentil et drôle. Évidemment, avec ma gueule de pré-ado, les gars sont incertains. Un animateur appelle le numéro de notre groupe de speed dating. Caramilk et moi allons donc dans une autre petite salle, s’asseoir aux côtés de 4 autres filles à une longue table étroite, avec des petites chandelles lover. Six gars finissent par venir s’asseoir devant chacune d’entre nous. Et le speed débute : 5 minutes pour jaser par mec. On doit cocher sur un bout de papier si on a cliqué avec la personne, et on remet le papier à une responsable. Extraits de ces conversations superbes, profondes et pleines d’émotions :

Mec en complet : Alors moooouuaa je suis resté 2 ans en Sardaigne, je suis en politique, et puis tu vois j’ai presque fait le tour du monde, et puis blablabla. Tu es sûre que tu as 29 ans?

Moi : Je sais, j’ai l’air jeune, ça doit être la barrette. Mais veux-tu bien me dire ce que tu fais ici? (dans le sens de : tu dois avoir un bon cercle de connaissances avec ta profession, etc.)

Mec en complet : effectivement j’étais en Angleterre et là j’ai eu une offre, et puis lalalala (il a dû prendre mon ton et ma question pour : que fais-tu à Québec, ce bled perdu et pourri pour un homme de ta trempe?)

Face de tête à claques : Eye salut, ça va?

Moi (dans ma tête) : NE RIS PAS-MORDS TA JOUE-NE RIS PAS

Gros gars pogné à lunettes : j’aime bien ça sortir… voir des gens, les inviter chez nous, faire des fêtes, faire des activités…

Moi : Ok… tu sors un peu?

Gros gars pogné à lunettes : oui oui, j’aime ça voir des gens, les inviter chez nous, faire des fêtes, faire des activités…

Au bout de 5 minutes, quand on en vient à mettre un peu de viande sur un sujet, ça se termine. Surprise : quand tous les candidats sont passés, les animateurs compilent nos petits papiers et déclarent au micro les « matchs parfaits »… le seul gars intéressant de la table a coché « Oui » à toutes les filles! Je lui lance un « Maudite guidoune! ». On sort de la salle. Le speed dating a permis de briser l’ambiance « séduction à tout prix », les gens se jasent un peu plus naturellement, même entre filles. On constate que finalement, les mecs présents sont en général intéressants, côté profession, look et jasette. Environ 200 personnes sont sur place, pas terrible selon la rumeur. On se décide à approcher un duo de gars dont un beau, qui roule ses R. « Fais-tu du sport? Moi en tout cas je suis difficile, pour que je te parle, ça veut tout dire. Je prends soin de moi, je m’entraîne énormément, j’ai pas de poil. » Righhht. Je m’étonne que la boisson n’ait pas encore monté à la tête des matantes qui dansent. La « guidoune », qui est revenu me jaser ça, me pointe du menton un couple couché sur une table, dans un coin noir de la salle. Pendant ce temps, Caramilk a retrouvé son chic type du début et ils sont absorbés dans leur conversation. Une heure du mat, les pieds enflés, deux numéros en poche : c’est assez. Anyway, guidoune est reparti guidouner.

200 personnes X 20 $ d’entrée + (X bières ou drinks à 6 $ en moyenne) = soirée payante

Avoir une anecdote croustillante pour son blogue, vécue live avec une chummey vraiment le fun = ça n’a pas de prix

Publié dans josettelesbobettes

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M
la question ultime, retenterais-tu l'expérience?
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