Un contrat avec le diable
Samedi matin, dans le Journal de Québec, une petite annonce disait qu'il y a un "grand 3 et demi, bois flottant, céramique" à louer dans Limoilou. Bien sûr, en lisant l'annonce, personne ne pouvait se douter que cet appart a subi un refoulement d'égoût, des infiltrations d'eau dans deux murs, que la fournaise avec son boucan d'enfer est collée sur la chambre, qu'il faut déneiger les fenêtres l'hiver (because demi sous-sol) et que le voisin du dessus fait crac-crac à 5 heures du mat la semaine. J'étais quand même pas pour composer une tite-annonce aussi romantique! Bref, toute fière de mon coup, j'étais décidée à régler le cas à mon trou à rats, 2e étape d'un plan triennal patenté par Marylou. Je me suis informée à la régie du logement et sur leur site web : pas de trouble pour céder mon bail, j'ai qu'à me trouver un locataire, à envoyer un avis au proprio, qui alors peut faire son ostie d'enquête de crédit, et tout est terminé, je trouve un appart, j'embarque mes boîtes à moitié pas défaites dans mon char, j'engage des gros gars pour les électros et goodbye my love. Samedi vers 11 h, je reçois deux téléphones pour l'annonce, je booke une visite. Et je me décide à appeler le proprio, qui a eu vent de mes démarches par sa blonde (j'aime mieux parler à sa blonde, plus sympa que lui), que dans le fond je suis pas obligée d'avertir mais quand même, c'est pas mon style de faire des saloperies, je veux faire ça proprement. Sauf que le proprio, c'est un militaire. Qu'il est en Haïti. Et qu'il a décidé de régler ça lui même, sans rien déléguer à sa blonde. Alors je me tape un interrurbain de 10 minutes en Haïti. Pour me faire dire : "Écoutez madame chose, moi je suis un businessman, je refuse que vous cédiez le bail, vous devez respecter votre part de contrat, moi mes avocats me disent que vous pouvez céder un bail seulement dans les cas de violence conjugale ou d'affaire de même, et moi mes avocats me disent qu'un bail en bas de 12 mois ça vaut rien au yeux de la loi et de la régie, alors je refuse que vous cédiez votre bail." La ligne coupe une couple de fois, mais je réussis à placer : "Les arguments que vous me sortez, c'est pour les cas de cassure de bail. Moi je veux céder mon bail, monsieur. (Le gars a mon âge, tsé.) Je me suis bien informée. Si j'ai le papier officiel que j'ai le droit de céder mon bail, je fais quoi, vous êtes en Haïti?". Il me répond : "Ben vous entamerez une procédure judiciaire contre moi, madame".
Est-ce que Josette les bobettes va gaspiller du temps et de l'énergie sur cette cause?
Pas drôle, même les lofteurs sont plus libres que moi actuellement.
En tout cas je rappelle la régie demain, aujourd'hui réunionite. Peut-être que je pourrais au moins faire ouvrir un dossier, juste pour faire chier monsieur caporal chef.