Salut Tiga...
Mon père, qui est décédé il y a un an et demi, adorait aller se promener dans le bois, en été comme en hiver. Parfois il trappait, il bûchait sur ses terres, et ses journées passaient très vite, il oubliait un peu "son mal". Avec lui il y avait toujours son ami, son Tiga, un chien roux complètement fou, un mélange de cocker et d'épagneul il me semble. La race de chien qui te suit partout, qui aime jouer et te passer une lichette sur le bord de la bouche, qui se bat avec des chiens 32 fois plus gros que lui et qui a le dessus, la race de chien qui n'a jamais été dompté mais qui comprend tout, les mots des êtres humains et aussi leurs grandes souffrances, mais qui fait semblant de pas tout catcher et qui s'enfuit avec les 8 boulettes de viande qui viennent d'être déposées sur la table, sans surveillance. Bref, un pitou de 7-8 ans, qui a survécu à la mort de son meilleur ami à lui, mon père, et qu'on aimait comme un membre de notre famille. Cette semaine, mercredi, un ado roulait un peu trop vite dans le rang menant au chalet familial, et il n'a pas pu éviter Tiga, qui se trouvait là, sur son chemin, suivant ma mère en 4 roues. Ma mère l'a vu voler dans les airs, elle a vu sa petite tête rousse aux grandes oreilles douces, ses yeux bruns se tourner vers elle une dernière fois. C'est une histoire banale, hein? Tout le monde a déjà perdu un chien, un chat. On en a perdu des dizaines, de chats. Mais c'est la première fois que je pleure pour un animal. Parce que ce chien-là, il a entendu des confidences et des rires qui nous ont échappé pour toujours, il a vu mon père heureux, et il l'a rendu très heureux aussi. Ils sont sans doute ensemble, dans une forêt, quelque part. Et j'espère que dans cette forêt, il n'y a pas de toques qui prennent dans le poil, ni de moufettes.